Le premier regard sur un fleuve est toujours un moment particulier, un moment rare, celui de la découverte d’un être respectable, passionnant, surprenant. Mais quand ce fleuve se nomme Gange cette rencontre est un cérémonial qui vous change à jamais.
A peine descendu du train, nous nous perdons dans les rues de Varanasi, petites rues étroites, tortueuses dans lesquelles il est bien complexe de se repérer. De rue en rue nous nous approchons du fleuve que nous devinons, que nous cherchons au travers la muraille des maisons.
Un petit gars nous aborde, nous propose un hôtel, le prix est raisonnable, il nous assure que la vue sur le fleuve est magnifique, nous le suivons. L’endroit est agréable propre, la douche après la première expérience des trains indiens est un immense bonheur.
Le soleil descend tranquillement quand nous grimpons sur le toit. La vue nous laisse silencieux, contemplatif : Enlacements de terrasses, de maisons, puis le Gange.
De nombreux singes roux partagent avec nous ce tranquille crépuscule. Alors que les rues de Varanasi ne sont que bruits et odeurs, la haut un doux silence et l’odeur du vent nous approche.
Sur le fleuve quelques barques, sur l’autre rive le désert, le tout baigné d’une lumière dorée.
Mon regard se porte sur cette femme qui contemple ce que nous contemplons…
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Jusqu’où porte ton regard ?
Lorsque je suis allé pour la première fois en Inde, en août 2002, je pesais 72 kilos, j’avais pris 4 kilos pour avoir arrêté de fumer un ou deux mois auparavant. Lorsque je suis revenu, un mois après, j’étais descendu à 64 kilos, le poids de mes 16 ans ! Et ceci sans faire de régime 😉 Mais il y a des raisons à cela ! Certes en Inde on passe au régime végétarien, aussi, lorsqu’on voyage en routard on n’a pas de service de chambre ou de frigo pour grignoter à toute heure, mais surtout, il y a une journée où j’ai du en perdre quatre d’un coup, et c’est celle là que je vais vous compter…
Après avoir fait le tour du Radjasthan, être passé furtivement à Agra pour admirer le Taj Mahal, et quelques jours obligatoires à Vârânasî, où tout indou doit mourir s’il veut son accès réservé au nirvana, je décide de remonter le Gange en train jusqu’à Haridwar puis de pénétrer dans l’Himalaya où la première étape est le village de Manali, perché à 2000 mètres d’altitude. De là on peut choisir plusieurs options de route. Soit partir vers le Ladakh, au nord, soit prendre la direction de la Spiti valley, en direction de la Chine, oups pardon, je voulais dire du Tibet. C’est donc cette dernière option que j’ai choisi car il ne me restait que neuf ou dix jours de vacances, et vu qu’il faut parfois 8 heures pour faire 150 km, je n’avais pas vraiment d’autre choix.
Je suis d’abord resté 2 jours à Manali, ou plutôt à Vashisht, petit village 300 mètres plus haut, plus tranquille, avec des plants de cannabis poussant un peu partout et des sources de chaude. Endroit plus sympa le temps de décider quoi faire.
Pendant l’une de ces 2 journées je décide d’aller voir le col de Rohtang La culminant à 3979 mètre et à seulement 51 km de Manali, avec les quelques chutes d’eau sur la route.
En Inde on roule à gauche, et c’était aussi le coté du ravin. J’étais assis également du côté gauche, juste derrière la porte du bus, et je n’aurai donné ma place pour rien au monde ! Je m’explique. Lorsque deux bus viennent à se croiser sur cette route, même moi, assis du côté de la pente, côté fenêtre, je ne voyais plus la route, mais seulement du vide, presque à l’infini, ou disons plutôt le fond de la vallée, en tout petit petit. Comme si nous avions la moitié des roues du côté gauche dans le vide. Je ne me rappelle pas avoir prié car je suis trop cartésien pour ça, mais je me préparai à bondir en dehors du bus en cas de frémissement de chute. J’ai rarement eu aussi peur ! Les chauffeurs sont certainement très doués, mais le fait d’être entouré d’être considérant la mort physique comme une nouvelle naissance dans un autre corps leur permettant de poursuivre leurs évolutions vers le Nirvana (appelé plus communément le Moksha en Hindouisme) ne me rassurait guère. Ma confiance restait donc toute relative. Moi j’aime la vie, et j’ai bien peur qu’on en ait qu’une !
J’avais donc pris la décision de ne pas déconcentrer le chauffeur, et de le laisser nous conduire jusqu’au col qui n’était plus très loin, en comptant sur ma bonne étoile tout devrait bien se passer. Ensuite je voyagerais sur le toit du bus ! Au moins là j’avais une chance de m’en tirer en sautant ;).
Bon, le retour, vu qu’on était du bon côté, je l’ai quand même fait dans le bus, il faisait vraiment froid et je n’étais pas parti équipé ce jour là.Mais j’étais content d’avoir pris conscience de ce fait, qui me servirai dès le lendemain, jour du départ dans les profondeurs de l’Himalaya. D’ailleurs pendant toute la route qui me menera au travers des villages de Batal, Losar, Kaza, Kye, Kibber (4205 mètres, d’où partira l’aventure), Tabo, et enfin Nako tout près du Tibet (Cette fois je ne me trompe pas ;)), en passant par le col de Kuzum La pêrché à 4551 mètres et le lac Chandertal (lac de la lune), vraiment époustouflant, il n’est pas rare de voir des bus écrasés au fond d’une vallée…
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