Archive pour Mai 2008

30
Mai
08

Huayana Potosi, 6088m au dessus du niveau de la mer en Bolivie – Partie 2

Ce billet est la suite et fin du 1er épisode.
Campo Alto
Comme dans de nombreuses courses, la marche d’approche jusqu’au refuge suit la moraine du glacier; La moraine marque les bords du lit d’un glacier; elle est caractérisée par un amas de rochers trainés et accumulés par le glacier. On dirait un peu comme une dune sauf que la forme de sa coupe caractéristique et plus pointue. Souvent on trouve le long de cette crête un sentier qui permettait de remonter le glacier en sécurité, sans passer au milieu des séracs et des crevasses. Maintenant, avec le réchauffement climatique les glaciers qui ont généré les moraines tendent à perdre du terrain et remonter en altitude; J’avais observé ce phénomène impressionnant en l’espace de 6 ans au Glacier Blanc dans le Massif des Ecrins (Alpes) c’est aussi le cas au Huayna Potosi. Porfi, le guide me dit même que les géologues prévoient une disparition totale des glaciers d’ici 50 ans; ce qui est une catastrophe pour La Paz dont dépend l’approvisionnement en eau et en électricité .

La marche d’approche se fait bien pourvu qu’on ait été habitué à l’altitude en séjournant quelques jours sur l’Altiplano; pour ma part, j’avais passé 3 jours à Potosi (4070m) juste avant de débarquer à La Paz donc pas de souci.

A midi nous atteignons le refuge. Il est en fonction depuis a peine 1 an et demi. Dispose de l’électricité grâce à un panneau solaire. Électricité qui est distribuée dans la petite pièce à vivre par des câbles de sonorisation Hifi; ce n’est pas la première fois que je vois ça en Bolivie. Nous sommes les derniers arrivés, sur place il y-a Alex -israélien, c’est dingue le nombre d’israélien qu’on croise en Bolivie, on trouve même couramment les menus traduits et hébreux-, Marc -Américain-, un couple d’australiens et votre serviteur cuisse de grenouille. Chacun est accompagné d’un guide. Je suis impressionné par le monticule de bouteilles plastiques qui sont entassées devant le seuil refuge! Je n’avais jamais vu une chose pareil en France! En règle générale, ceux qui pratique la montagne ont conscience de la fragilité du milieu et le respecte,notamment en redescendant ses déchets…

Le diner est servi a 17h. J’espérais échanger quelques chants montagnards français contre leurs équivalents locaux, mais finalement je suis le seul à chanter et à jouer de l’harmonica. Et tous ont eu la politesse de faire au moins semblant d’aimer ;-) . A 19h extinction des feux. Je peine à m’endormir, j’ai mal aux bras, de manière assez diffuse, un peu comme si j’avais des courbatures mais en moins fort; je n’avais pourtant pas fait d’effort particulier avec mes bras, il parait ce ce sont les effet de l’altitude. Je tourne et me retourne dans mon duvet assez longuement avant de trouver le sommeil.

La nuit est courte est agitée. Le réveil difficile mais rappelant de bon souvenirs. La météo est excellente, pas un nuage sur notre zone et pourtant il ne fait pas très froid; de toute façon je n’ai jamais été autant équipé. Les cordées quittent le refuge a 1h du matin. Le lune, au 3/4 pleine, nous permet de progresser sans nos lampes frontales. Le rythme est tranquille et pour limiter les effets de l’altitude, je chique quelques feuilles de coca. Techniquement parlant, la voie normale ne présente que 2 légères difficultés. La “pala pequeña” et la “pala grande”, qui sont 2 passages de forte inclinaison et de longueur respective 40 et 200m. Le manque d’oxygène se fait ressentir, mais la beauté des paysage fait oublier l’effort. Le silence de la nuit est à peine troublé du bruit de nos respirations lentes et régulières. De l’autre coté de la cordillère Real, coté tropical, de nombreux nuages moutonnent et de temps à autre un éclair vient illuminer notre versant. Le spectacle est magique, le son du tonnerre ne nous parvient pas; on entent que le bruit de la neige qui craque doucement sous nos pas. Au dessus de nos têtes, les étoiles scintillent, c’est vraiment féérique.
Porfi.JPG
La régularité de notre pas nous isole en tête des cordées assez rapidement. Nous progressons en crampons, corde tendue, le piolet toujours dans la main amont. Nous faisons de courtes pauses pour manger une barre de chocolat (glacée) et nous hydrater. Sur une bosse nous admirons le passage escarpé de la voie dite « française ». Il s’agit d’un itinéraire passant sur une ligne de crête assez technique ouvert par des français. Les dernières longueurs dans la pala grande sont éprouvante, la pente est forte et je suis obligé de m’arrêter tous les 3 mètres. Heureusement le soleil ne s’est pas encore levé et la neige est en bon état, et puis je suis motivé à bloc, il n’y a plus de raison de ne pas y arriver. Alors je dois me prouver à moi même que je peux le faire; comme l’avait remarqué Greg précédemment il y a aussi une sorte de compétition internationale qui joue! Chacun se sentant un peu le porte drapeau de son pays…

Nous arrivons au sommet avant le lever du soleil. Il ne fait pas si froid que ça, mais la batterie de l’appareil photo n’apprécie pas trop. On voit au loin les lueurs de La Paz. Et l’aube qui commence à poindre. Il eut fallut que Dul ou Patrick soient là pour saisir les nuances des reflets dans le ciel noir… avec mon petit numérique je n’ai pas réussi à sortir de cliché qui fasse ressortir la beauté éphémère du moment. Mais une fois la beauté du spectacle consommée, nous savons que le soleil sera une plaie pour nous, il dégrade la qualité de la neige, fait mal aux yeux et tient chaud… aussi nous repartons sans plus attendre. Nous croisons la cordée de l’américain et celle des australiens au bas de la pala grande. Ils semblent progresser assez difficilement.

Au camp de base, le taxi nous attendait, il nous a offert un verre de Coca, dont nous avons soigneusement renverse une part par terre en offrande a la Pachamama et au Huayna Potosi, puis je me suis avachi sur la banquette arrière et dans un moment d inconscience j ai cherche la ceinture de sécurité; c’est vous dire si j’étais déjà dans un état second.

Le sommet 6088m

Je me connecte de nouveau – mon sevrage Internet se passe tant bien que mail, mais l’etat des becannes et des connexions en Bolivie a un effet assez dissuasif- et je prends des nouvelles du monde. Il semble que cela chauffe pour les pinguins en Argentine et que les routes, tout du moins au nord soient bloquees, plus de viande, je sens que les argentins vont bientot devoir se rabatre sur le pinguin grille… et il me faut repasser par Buenos Aires prochainement!

La carte

28
Mai
08

Souvenirs: Arnaque aux traveler’s cheques

La Colombie est un pays que j’aime beaucoup, car on sent dès qu’on la visite que c’est un pays où tout est possible! Le pire (j’en ai déjà parlé sur ce blog) et le meilleur (ça je le garde pour moi 😉 ).

Cette fois, je vais vous raconter comment je me suis trouvé embarqué dans un trafic de traveler’s cheques. 

C’était à Cartagena, sur la cote caraïbe de la Colombie, pour moi la plus belle ville d’Amérique du Sud…au niveau architectural!!

J’étais dans un espèce de trou à rat dans un quartier pourri de la ville (c’est au même endroit que je m’étais fait racketter, vous vous souvenez?) mais fréquenté par les routards.

Un Colombien m’aborde et me demande si cela m’intéresse de me faire un peu d’argent! J’ai tout de suite senti que ce n’était pas vraiment légal son truc. En tant qu’étranger j’avais le droit de changer des traveler’s cheques sans limite alors qu’un Colombien avait une limite. Donc, il cherchait des étrangers pour changer ses traveler’s cheques.

Je n’ai pas dit oui tout de suite! j’ai d’abord discuté avec les autres étrangers abordés par le même bougre pour voir ce qu’ils en pensaient….nous étions tous anonymes : C’est illégal, mais on le fait quand même plus pour le « fun » que pour le pécule.

Le principe était simple: Nous étions plusieurs groupes de 3 étrangers et 2 colombiens à partir dans plusieurs villes pour changer dans plusieurs banques les traveler’s cheque que nous avions. Environ us$5000 chacun!!

Nous arrivions par exemple à Barranquilla et nous faisions 3 ou 4 banques et chaque fois nous changions us$500 en présentant les traveler’s et nos passeports et nous devions signer les chèques en présence du banquier qui en général était choisi par les colombiens qui nous attendaient dans la voiture. Ces banquiers étaient sûrement complices, car nous avions comme obligation de laisser us$20 de pourboire!!!

Ma seule crainte était que les traveler’s soient faux ou volés et que j’ai des problèmes à la frontière lors de mon départ du pays!

Volés? Non, puisqu’ils étaient à notre nom. Faux? Je ne sais pas!! En tous les cas, j’avais décidé de me protéger en cas de problème avec la police à ce sujet le jour où je devais quitter le pays! J’ai donc tout noté sur un papier: Nº de plaque des voitures, les prénoms des types (j’avais même réussi à avoir le Nº de carte d’identité d’un des gars), les adresses où nous sommes allés rechercher les travelers, etc…tout cela en toute discrétion pour ne pas me faire calculer par les gars, il n’aurait pas fallu qu’ils croient que je sois une « taupe » des flics 😉

Après une longue journée le long de la cote colombienne à se taper un nombre incroyable de banques, nous avons terminé par recevoir notre récompense: us$5 par chèque changés et un peu de….coke et de l’herbe en bonus!

Quelques semaines après cette « aventure » me voila à Laeticia pour embarquer sur l’amazone pour rejoindre le Brésil. Et là me voilà envahi d’un stress: et si je me suis fait capter et que je suis attendu à la frontière pour recel de traveler’s cheque??!! J’avais mon petit papier d’info à portée de main…et puis finalement tout s’est bien passé, je ne me rappelle même pas si j’ai passé un poste frontière 🙂

27
Mai
08

Maiden Saleh, l’autre Petra… – 1

Il y a 2000 ans, alors que certains construisaient des pyramides pour leur voyage dans l’au-delà, les nabatéens bâtirent leurs tombeaux à même la roche.

La taille commence toujours par le haut, les bâtisseurs détruisant après chaque étape de construction la plateforme élaborée à même le gré qui leur permettaient d’atteindre ces hauteurs !

Cette tombe, la plus gigantesque, resta inachevée…

Tombe

La carte

26
Mai
08

Petite virée en stop (4ème et dernière partie)

épisode 1, épisode 2 et épisode 3

Nous voilà à marcher encore d’autres 5km. Cette fois pas pour manque d’argent, mais pour profiter du trajet au bord de la mer. Pas mal de beaux paysages, de belles vues et de belles nanas sur la plage… Nous, par contre, quoiqu’on en désirât toutes, on n’était point désirable: trop sâles! Comme on dit en portugais: Tristeza não tem fim, felicidade sim! (Il n’y a pas de fin pour la tristesse, mais oui pour le bonheur!). Il fallait nous contenter avec ce qu’on pouvait avoir…

Finalement, après à peu près une petite heure de cheminée, on est arrivé à la plage de Cabeçudas, où, selon ma mémoire, habitait l’ami de l’ami de mon ami. On a parcouru toute la plage, allée et retour, jusqu’à décider où peut-être ils vivaient: grande et pompeuse maison, piscine, située devant la plage. Moi, j’ai appuyé sur la sonnette. Une femme a ouvert la porte, un peu soucieuse de qui étions nous.

« Bonjour, madame. Excusez-moi », ai-je dit, « je m’appelle Maikon et je suis ami de Julio. Vous le connaissez? »

« Bonjour. Ben, franchement, ça dépend de quel Julio vous parlez. »

« Julio, le fils de Lilhane, vous savez? Le mec dont la mère a une maison là-bas juste à coté de l’hôtel. »

« D’accord. Je sais qui il est. »

« Bon, je ne sais pas comment vous le dire. Il nous est passé que nous sommes arrivés pour y rester quelques jours et ils ne sont pas là. On n’a pas leur numéro, personne est chez eux… »

« Pour de vrai? Quel dommage! »

« Et, ben, comme j’ai fait connaissance de vos fils l’autre fois que je suis venu, j’ai pensé qu’ils pourraient nous aider… Je ne sais pas… Il se peut que vous ayez leur numéro… »

« Entrez, entrez. On va vérifier ça. »

Une fois assis à la table avec l’agenda dans nos mains, on n’a pas trouvé le numéro. La femme, qui était mère des amis des amis de Julio (notre ami), nous a demandé: « Mais vous êtes venus comme ça sans savoir s’ils étaient à la maison? » Ç’a été quand la lumière de Dieu s’est posé sur nous et nous a illuminé. Moi, pour répondre à la question que la mère (Marta) nous avait posée, je lui ai dit tout que je vous ai raconté dans les autres trois épisodes. Marta nous a donc bien jeté un regard attentif, nous a observé à fond et nous a perscruté jusqu’à nous dire: « Les gars, mais pourquoi vous ne restez pas chez nous. André et Paulo (ses fils) sont à Florianópolis et ne rentrent que demain à l’après-midi. Vous deux vous pourriez rester dans leur chambre sans aucun problème ».

Bruno et moi, on s’est bien regardé sans croire à nos oreilles.

« Merci beaucoup, madame! »

Et on est resté et on a pris une douche de roi et on a très bien dormi. Le lendemain, le miracle a eu sa continuation. Lors du petit déjeuner, Marta et Morais (son mari) nous ont proposé de faire du bateau à voile avec eux. « Après », ont-ils dit, « on pourrait prendre les ninjas (motos très puissantes) pour faire un tour pour les plages. Si ça vous dit pas, on pourrait prendre les cordes et faire du rappel à la montagne qu’il y a à la fin de la plage, puis prendre les jetskis pour faire une petite promenade pour les îles que vous voyez par la fenêtre, celles là-bas au fond… »

Nos visages de chanceux et remerciants étaient évidents…

« Et ça vous dit si l’on mange à la japonaise aujourd’hui? Hier on a acheté du saumon et d’autres bonnes choses pour nous deux, vu qu’on est seul à la maison. Ça nous ferait plaisir de partager tout ça avec vous. On aimerait vous inviter… »

Finalement, Bruno, complètement chamboulé et avec un souri énorme au visage, a demandé: « Est-ce qu’on peut faire tout ça? Nous, on semblait deux petits garçons au milieu du playground!

On a fini par manger à la japonaise, faire du jetski et monter à la montagne.

Bruno et moi sommes restés les autres jours du congé chez eux avec Marta, Morais, André, Paulo et leurs copines. On n’est pas arrivé au canyon, mais on a eu une très bonne aventure, parfaite pour raconter aux potes de voyages et aux petits-fils, quand nous en aurons…

Ce jour-là j’ai appris que les ivres et les voyageurs sont protégés par Dieu et par la Déesse de la bonne chance. Merci Dieu, merci Déesse!

Plan de la virée

25
Mai
08

Rase campagne

Il fait encore nuit quand le train quitte Camagüey et quand la contrôleuse et une passagère réveille tout le wagon suite à leur brève mais intense engueulade. Une grosse demi-heure plus-tard le train s’arrête au milieu de nulle part.
La nature nous propose quelques temps plus-tard le spectacle d’une magnifique aurore. La chaleur grimpe peu à peu dans le wagon dont la température est restée toute la nuit au dessus des 30 degrés.
Vers 6 heures, quand la chaleur devient insupportable je descends du wagon, quelques cubains sont déjà assis sur les voies. Peu à peu le train se vide. Je profite de la magnifique lumière pour shooter des paysages et des portraits, mes dernières photos cubaines.

Locomotive en panne nous annonce le contrôleur. Il faudra plusieurs heures pour qu’une locomotive en état de marche prenne le relais.
Nous arrivons finalement à la Havane vers 16 heures. Le quais est rempli de gens attendant les naufragés habituels du Santiago-La Havane. Vingt-deux heures de trajet au lieu de quatorze annoncées, rien que du normal.

train Santiago - La Havane...

24
Mai
08

En attendant un camion mirage

Il y a déjà plus de trois heures que nous attendons. Il était attendu à 5 heures du mat ce camion qui devait nous transporter jusqu’à Cienfuegos. Même à 5 heures la température est au dessus de 30 degrés. Un petit groupe de cubains attend avec nous ce fameux camion de 5 heures. Régulièrement ils nous assurent qu’il va surement arriver. Il est 7h30 et toujours pas l’ombre d’un camion, les enfants se rendent à l’école, le petit groupe se réduit de minutes en minutes. Pas grave nous dit l’un d’entre eux, avant de lâcher l’affaire, j’irai demain à Cienfuegos.

A 8 heures ils ne restent plus que les deux français à attendre. Vers 10h, un bus nous prendra et nous déposera sur la route nationale d’où une voiture nous prendra pour enfin nous emmener vers Cienfuegos. J’ai oublié notre heure d’arrivée, cela n’a guère d’importance. Par contre, ce jour là, j’ai compris l’importance à Cuba du double sens du verbe esperar (attendre et espérer). En effet, à Cuba, il ne faut jamais attendre un transport, il faut l’espérer.
Playa Gijon - baie des cochons - Cuba

23
Mai
08

Huayana Potosi, 6088m au dessus du niveau de la mer en Bolivie – Partie 1

17h, je me réveille comateux dans une vilaine chambre.
Des klaxons, des sifflets étranges et des cris montent de la rue. Ah oui, je suis a La Paz; en fond, Julien Leperse distille ses question sur TV5. Ou la la, j ai la tête a l’envers! Ha oui les choses me reviennent… quelle sieste; il faut dire que ce matin, le réveil a sonne a 00h00 et que je me suis enfile pres de 900m de dénivelé positif. J’ai gravi le Huayna Potosi, 6088m. Je crois que c’est mon 13eme sommet, et sans doute le plus haut.

L’aventure commence hier, a 7h00 je suis sur le pied de guerre; je boucle mes sacs et nous allons prendre le petit déjeuner au Café Luna. A 8h30 pétantes, me voila dans le bureau de l’agence qui organise l’excursion. Je fais la connaissance de Porfi, mon guide. L’américain qui devait partager ma cordée a finalement annulé et je me retrouve avec un guide rien que pour moi, pour la modique somme de 120 USD la sortie de 2 jours, tout compris ( repas, encadrement matériel technique et vêtements de montagne).

Un taxi nous dépose au camp de base; Nous remontons les rues de La Paz pour rejoindre l’Alto. L’Alto, ce sont les faubourgs de La Paz. Il faut s imaginer La Paz comme tapissant une cuvette et débordant sur tout son pourtour. Gigantesque, improbable. Les rues les plus pentues de San Francisco ne doivent pas l’être autant que celles de La Paz. Et une agitation, un fourmillement, oui, le mot juste est fourmillement; La Paz c’est comme une fourmilière à l’envers; des colonnes de véhicules convergent traversant les no mans land andin et se concentrent là. Un tumulte de tous les diables y règne, ne serait-ce qu’à cause des minubus qui sillonnent la ville: A cause de l’illettrisme, chaque véhicule est pourvu d’un portier-crieur qui hurle les destinations.

Hayana Potosi - 6088m

La route qui y mène au camp de base dessert une mine qui n’est presque plus exploitée -antimoine- une station de veille sismique et un barrage hydroélectrique. La rumeur de la ville s’est tue et la pollution s’est dissipée. En fait de route, comme la majorité du réseau routier bolivien, nous parcourons un chemin de terre plein de nids de poules et d’ornières.

Le Taxi nous dépose près d’un refuge qu’ils appellent un peu pompeusement le camp de base. Avant de s’engager dans le sentier vers le refuge ( Campo Alto ) je profite des commodites (les Whoua whoua ;-) ) qui sont équipes d un siege, mais pas d eau courante. Pour tirer la chasse, il faut puiser devant la porte dans le ruisseau.

22
Mai
08

Petite virée en stop (3ème partie)

épisode 1 et épisode 2

Alors, où dormir ? Bonne question à poser quand vous n’avez pas où vous abriter. Mais, jusqu’à ce moment, Bruno et moi, on n’avait pas encore découvert que l’on ne savait pas où habitaient nos amis.

Pas de blé dans les poches (on avait oublié de passer à la banque pour prendre de l’argent), on a dû aller au centre-ville à pied. Dire que c’était pas loin c’est être très optimiste. À peu près 7km c’est trop quand vous n’avez pas pris de douche le jour avant, quand vous avez gueule de bois et quand vous êtes fatigué de prier et chanter. On se demandait pourquoi Dieu ne nous envoyait pas une charrette divine pour nous y emmener. D’acc, Il nous en avait déjà envoyé le Combi. Dieu merci. Contentés, il a fallu marcher.

À la moitié du trajet, on avait les estomacs dans les talons. Mais comment manger sans argent ? Combien on en avait ? Une fois les poches, les sacs à dos et n’importe quoi d’autre fouillés à la folie, on a su: on n’avait que R$0,80 (à peu près $0,30€). Quoi manger avec cette somme astronomique ? Pas trop. Pourtant, l’âme voyageuse a des moments parfois de ruse inespérée: X-mico. Au Brésil (je pas au Portugal), X, dans le vocabulaire gastronomique, veut dire « sandwich » ; mico fait allusion aux singes (mico est un genre de singe trouvé aux forêts brésiliennes) ; X-mico pourrait donc être traduit par « sandwich-singe », métaphore « élégante » pour dire pain à la banane. Ouais! Recette: prenez un pain, ouvrez-le en deux, mettez une banane dedans et mangez-en heureux. Budget pour deux à l’époque: 2 pains (R$0,10 chacun), 2 banane (R$o,20 chacune) ; R$0,60 tout et vous avez encore de monnaie ! Excellent ! Nickel !

Faim satisfait, il nous manquait nous occuper de la soif. Quoi boire avec R$0,20 ? Quasiment rien. De l’eau. On en avait un peu dans les bouteilles. On ne peut pas tout vouloir dans cette vie !

Ragaillardis, on a repris la route. 200 mètres et on a trouvé une banque ! De l’argent et de la coca ! On en a bu juste pour commémorer. Dans ce moment-là, assis sur le gazon, on s’est souvenu de nos amis.

« Putain, t’as leurs adresses ? »

« Non. »

« Leurs numéros de portables ? »

« Non plus. »

« T’as quelque chose qui puisse nous servir ? »

Grimace de désolation…

« Merde ! », on s’est dit en nous regardant et riant.

« Tu voulais de l’aventure ? La voilà ! », ai-je dit à Bruno.

Il a voulu me pencher, mais à la fin il l’a fait pas. Je suis trop lourd pour être chargé !

« Est-ce qu’on sait n’importe quoi de nos amis ? », m’a-t-il demandé.

« Je pense que je sais arriver chez un ami d’un ami de Julio. Peut-être. J’y suis allé une fois avec lui ! »

On a dû rire.

« Allons-y donc ! »

Suite…

21
Mai
08

Jour de grève

Nous sommes à Potosi. Les jours précédents, la ville était une folie de camions et de voitures circulant aussi vite que possible dans ses rues étroites, toujours montantes ou descendantes, les piétons se serrant sur des trottoirs bien étroits et même parfois inexistants.

Ce matin là, il règne une étrange tranquillité sur la ville. Pas une voiture. Pas un camion. Les piétons se rapproprient les rues. Durant une bonne partie de la journée je profiterai de ce moment si rare, Potosi vider de ses envahissants véhicules.

Ce matin là, était un jour de grève. En Bolivie on ne rigole pas avec la grève, rien ne roule, rien n’entre ou ne sort de la ville. Le seul inconvénient, au cœur de cette journée merveilleuse, le marché était aussi en grève, nous avons du nous rabattre sur un quelconque restaurant afin de pouvoir manger.
Potosi - Bolivie

18
Mai
08

Au coeur des neiges

Nous sommes autour des 3600m, alors que toute la journée de repos de la veille à Yak Kharka avait été magnifique, nous nous sommes levés dans un univers blanc. La neige  tombe abondamment et à tout recouvert. Il y a une petite heure que nous marchons. Nous venons de laisser derrière nous les derniers lodges du village.

Face à nous, sortis de nul part, quelques Yaks. Je tourne de tête, et j’aperçois cette tente, probablement celle de la famille du propriétaire des yaks.

En me levant, j’avais trouvé le temps bien froid. J’imagine que dans la tente, l’air y était bien plus dense et chaud. Je continuerai à marcher toute la matinée avec la vision de cette tente. jusqu’au moment ou le soleil resortira. Au moment d’arriver à Thorong Pedhi, littéralement le Pied du Pedhi, les nuages se levent et nous dévoilent la longue montée vers Thorong La, le col de Thorong.

Couronnées de nuages et de neiges volantes, l’Annapurna 2 nous regarde d’un air moqueur.

Yak Kharka, vers Thorong Pedhi - Népal




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