Mes chers amis, le roi du vélo a retourné ! Moi, qui suis encore un apprentis, suis devenu un roi dans cette science. Et voici donc la biographie de ce roi:
1. Quand j’avais vers cinq ans, mon père m’a acheté un vélo (bicicross) pour que j’apprenne à faire du vélo. Depuis des mois en essayant, demandez-moi si j’ai appris ? Pas du tout. Frustré, j’ai décidé de laisser ce machin de faire du vélo à coté et je me suis consacré à faire d’autres choses.
2. À peu près quinze ou seize ans après, me voilà en Europe, à Amsterdam. J’avais froid, je n’arrivais point à dormir et j’avais besoin de me réchauffer (cette histoire-là vous connaissez déjà). Pris d’un coup de courage, j’ai pris le vélo et suis parti par le Volderpark. La première expérience que je considère concrètement au sujet des vélos.
3. Quatre ou cinq ans plus tard, me voilà en Argentine en vacances. J’étais parti pour le Chili pour six jours, puis je suis rentré en Argentine. Destination : Mendoza. Mon ami et moi y sommes arrivés, nous nous y sommes installés et sommes partis à pied pour faire un petit tour en ville. Le soir, petite choriparty à l’auberge où nous sommes. Pas grand-chose comme fête ou soirée, mais elle nous a servi pour faire connaissance d’un couple français toulousain qui est en train de faire le tour du monde : sept mois partagés en Amérique du Sud, Afrique, Océanie et Asie. Pas mal comme voyage. La partie féminine du couple s’appelle Manon. Lui, il est Lionel. Buenísima onda les deux. On a bavardé sans arrêt toute la nuite et on a fini par décider de se balader ensemble le lendemain. Ils allaient faire une petite promenade vélo par les bodegas de Maipú, ville voisine de Mendoza. Mon ami et moi leur avons dit que nous serions partants.
Les quatre ont pris rendez-vous pour 9h. On déjeunerait ensemble et vers 9h30 on partirait. Jusque-là, aucun problème pour le groupe, sauf pour moi. J’étais un peu préoccupé de mes habilités comme cycliste. Il faisait au moins quatre ans que je ne montais pas sur un vélo. Ça me faisait peur, car je n’étais même pas capable de détourner les voitures ou quoi que ce soit qui bougeât. Mais il faudrait bouger sans peur.
On est donc parti les quatre. On a pris un bus commun pour aller à Maipú. En y arrivant, un peu avant de descendre du bus, Lionel avait déjà tout arrangé. Il avait fait connaissance d’un mec qui louait des vélos et avait déjà tout organisé : prix, types de vélos, trajet… Le mec est vraiment très efficient.
On est descendu du bus et le loueur des vélos nous a conduit chez lui pour finir l’affaire vélo. Lionel, qui avait pris l’initiative de tout faire, avait vraiment tout en tête. Impressionnant. Il savait même déjà les routes à prendre pour arriver où on voulait aller.
Moi, au même temps, je craignais un tout petit peu toute la situation. Le truc vélo n’était pas du tout évident pour moi. Mes jambes tremblaient, mon coeur battaient fort vite, mes mains suaient. Je me disais tout le temps que j’allais ralentir tout le monde et que, pour ça, j’aller vouloir désister et retourner.
Le mec du magasin vélo, qui s’appelait Pancho, a rendu à chacun de nous son vélo. Le mien était noir et modèle 4×4. Pas mal, j’ai pensé. Au moins le mien n’est pas un machin préhistorique. J’y suis monté et ai essayé de sortir en pédalant. De la cata ! Je suis tombé dans le premier trou à détourner. Un détail important : je n’étais même pas sorti du terrain de Pancho ! Quelle honte, putain, quelle honte ! Mais pas grave. Il faudrait continuer et persister.
Une fois dans la rue, je me suis dit : tu vas tout faire pour rester dans la piste cyclable et c’est ça ! Pas de problème pour moi, jusque finir la piste cyclable et commencer la route. Et ce n’était pas une route commune. C’était une route pleine de camions et d’autres véhicules de cette taille. Mon ami m’a dit : essaye de rester bien au bord et essaye surtout de ne pas tomber sur la route ! D’acc, comme si c’était évident pour moi.
On est parti et le premier arrêt a été la Bodega Museo. Pour y arriver, il ne fallait qu’aller tout droit par la même rue d’origine et puis tourner à droit et continuer tout droit jusqu’à la fin de la rue. Pas de problème pour moi.
Le deuxième arrêt demandait plus de courage de ma part. Il fallait faire 8 kilomètres en vélo par une voie routière. Quoiqu’on ait l’Aconcagua neigé à droite tout le temps, je ne suis pas arrivé à y faire trop attention, car je ne pouvais pas tourner la tête ou quitter les mains du guidon que je perdais l’équilibre et que je faillais tomber. C’est pour ça que la photo que vous avez au-dessous est de moi arrêté et pieds sur terre. Au cas échéant, je serais déjà tombé.
les rois debout
Au début, cette même route s’est présentée comme possible pour moi. Au fur et à mesure que l’on avançait, plus de camions, plus de voitures et plus de danger pour ce pauvre brésilien qui ne savait pas encore comment faire pour s’équilibrer. Chaque fois qu’une voiture passait à mon coté, je balançais avec le vent et la pression qu’elle produisait envers moi. Putain, pour moi qui rien savais, c’était dur. Dans un moment précis, un camion a passé à coté de moi et je me suis vu être lancé sur un mur… Quasiment, quoi. Ç’aurait été pathétique.
De toute façon, même avec tous ces soucis, j’ai réussi d’arriver à l’autre destination : une bodega maintenue par un couple français. Nous quatre sommes arrivés fatigués et complètement trempés de sueur. On a stationné les vélos et s’est approché de l’entrée. Une fille française, Anna, nous a reçu. Parlant un espagnol avec un fort accent français, elle nous a dit buenos días. Lionel, qui s’était rendu compte de son accent, lui a dit qu’elle pouvait nous parler en français, car les quatre parlions (Lionel est né en Espagne mais a crû en France, Manon est française, moi j’avais déjà habité en France, et mon ami en Génève), de façon que le tour et les explications pourraient être donnés en français. Anna nous l’a remercié. C’était donc quand a commencé un sympa après-midi à la française. Repas sur un arbre, des bons vins, des bons fromages et de l’huile d’olive artisanal excellente. Ou la la la vache, quel manjar des dieux. Ce qui devrait avoir été un simple tour est devenu une petite fête française : nous quatre, Anna et les deux propriétaires français de la bodega. On a bavardé tout l’après-midi. Pendant quelques heures, je me suis vu de retour en France, avec mes amis, assis sur des arbres, pour piqueniquer. J’adore cette façon française de manger : lentement et avec qualité. Rien à voir avec la brésilienne…
Fini le repas, nous avons dû nous séparer. Lionel et Manon allaient continuer et mon ami et moi avions besoin de retourner à Mendoza pour prendre un bus pour Córdoba.
Mais il y avait encore tout le retour à faire. Ouais. Moi, je devais faire face encore à la route et tenter de ne pas me laisser tuer par les voitures. Au retour, pour tout rendre pire, la route était plus mouvementée. Pas mal de bagnoles, motos et d’autres véhicules qui passaient à mon coté et me faisaient peur. Tout ce que je savais c’est que mon expérience nocturne à Amsterdam ne me suffisait pas pour contrôler la situation. Dans un moment, j’au dû arrêter et me calmer. Un camion était venu de me couper la route et m’a jeté sur la boue d’à-coté. J’ai failli tomber.
Remis sur moi-même, j’ai repris la route et suis allé peu à peu, qu’en pensant à maintenir la direction et arriver le plus vite possible. Et vivant, bien sûr.
Et oui, j’ai pu retourner. Comme on dit en portugais, meu santo é forte (mon saint est fort) et rien ne m’est passé. Quoique je sois tombé deux autres fois, je ne me suis pas blessé, je n’ai pas détruit le vélo et j’ai pu aller et retourner sain et sauf. Depuis lors, j’ai décidé que j’allais apprendre à faire du vélo. C’est comme nager : il faut savoir faire !
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